Législatives : « On ne s’est pas soucié du premier employeur de France » pour la CPME 64

Notre Président, Georges Strullu, interview Placéco.

Les problématiques des TPE/PME n’ont pas été abordées pendant la campagne des élections législatives. Crédits : Les élections législatives anticipées n’ont pour l’instant pas permis de dégager une nouvelle majorité à l’Assemblée, et à ce jour, pas encore de gouvernement. Une situation qui a un impact sur les petites et moyennes entreprises.

 On fait le point avec la CPME 64 et son président, Georges Strullu.

 Élections européennes, dissolution, élections législatives, le climat politique n’a pas été aussi incertain depuis longtemps. Après la démission de Gabriel Attal, aucun nouveau Premier ministre n’a été nommé par Emmanuel Macron. La constitution d’un gouvernement n’est pas non plus à l’ordre du jour. Une situation qui a forcément des conséquences, et notamment sur les entreprises. Georges Strullu, président de la Confédération des petites et moyennes entreprises des Pyrénées-Atlantiques, a répondu à Placéco.

Est-ce que vous trouvez que les problématiques des TPE-PME ont été au cœur de la campagne des législatives ?

 Non. On est partis sur des problématiques de retraite, les prix bloqués, le SMIC. On ne s’est pas soucié du premier employeur de France. 95% du tissu entrepreneurial, ce sont des TPE. Donc on ne s’en est pas soucié. Nos problématiques, ce sont les charges afférentes des petites entreprises. On a introduit de l’incertitude dans ce qui allait arriver. Ces législatives ont été comme des courses au supermarché. Un chef d’entreprise ne peut pas se satisfaire de ça.

Comment percevez vous le résultat des élections ?

 Le résultat des élections a montré que les cartes du paysage politique français n’étaient pas rebattues. Il y a trois blocs : le Rassemblement national, le groupe présidentiel, et le Nouveau Front populaire. À la CPME, on prend acte de ces élections. Ce dont on peut se douter, c’est qu’il n’y a pas de majorité. Il faudra faire en sorte de pouvoir gouverner, et quelque part, il faut dégager une coalition.

Qu’allez-vous faire maintenant ?

 J’ai écrit aux députés, pour trouver une solution pour gouverner. Et que ça ne se fasse pas sur le dos des entreprises. L’entreprise a besoin d’une stabilité politique et économique, parce qu’elle a des investissements à faire. L’entreprise est dirigée par une personne qui engage ses biens et son temps. Une entreprise ne décrète pas de chiffre d’affaires, de bénéfice, c’est le carnet de commandes qui dicte le chiffre d’affaires. Et si vous n’êtes pas compétitifs, ça ne fonctionne pas. J’ai aussi dit aux députés que j’étais à leur disposition pour aborder les sujets des TPE/PME.

« On va vers des cessations d’activité »

 Le Nouveau Front populaire bénéficie d’une courte avance, est-ce que leur programme ne permet pas cette compétitivité ?

 Les mesures qui sont annoncées sont mortifères pour les TPE/PME. Ne serait-ce que le SMIC à 1.600 euros. Si on pouvait augmenter nos salariés, on le ferait. Sur la retraite à 60 ans, sauf à trouver une planche à billets, ça va se répercuter sur l’endettement de la France qui est conséquent. La perte de confiance sur la France va dégrader les taux d’intérêt. Et donc les entreprises ne vont pas se financer correctement. Plus personne n’investit, l’économie est à l’arrêt. C’est masqué par l’été et les JO, mais demain quand on va se réveiller, ça va être compliqué. L’entreprise ne peut certainement pas appliquer le programme tel qu’il est fait. Pour reprendre le SMIC à 1.600 euros, quid des salariés à 1.700 ou 1.800 euros. Ils vont demander à être augmentés aussi ! Et pour financer ça, une député de LFI (ndr : Mathilde Panot) a déclaré que ce seraient les grandes entreprises qui aideraient les petites. Dans quel monde vit-on ? Moi, je suis très inquiet. Le chiffre d’affaires des entreprises ne se décrète pas ! On va vers des cessations d’activité ! Nous souhaitons que les groupes s’entendent sur un programme minimum.

Vous disiez que l’économie était à l’arrêt, c’est-à-dire ? Ça se vérifie en local ?

 Aujourd’hui, il y a une position d’attente en cours, notamment en ce qui concerne l’investissement et le recrutement. Et aujourd’hui la question qui se pose, c’est est-ce que les sociétés vont être en capacité de continuer à exercer et qu’elles ne vont pas se mettre en liquidation ou en cessation, parce que les coûts ne pourront pas être suivis.

Quelles mesures seraient enclines à rassurer les TPE/PME ?

 Les entreprises ne se satisfont pas de l’instabilité économique. Clairement, il nous faut de la stabilité. L’incertitude est plus que dommageable vis à vis des chefs d’entreprise. Il faut clarifier la situation, peu importe la majorité.